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Flash back 2008 : Béatrice FANGET du meilleur au pire !

Pour le meilleur et le pire… ? Béatrice FANGET a connu le meilleur puis le pire. Édition 2007, victoire en mai en Ardèche, en juin sur l’Aubrac puis consécration sur les Templiers, cette Stéphanoise est sacrée nouvelle petite reine des Causses. Édition 2008, l’accident imprévisible, fin d’une histoire inachevée.

Philippe DUMONT raconte encore cette histoire avec une précision d’horloger. Bénévole de la première heure, il est en poste de surveillance dans le bas de la descente de Saint-Sulpice. « Une femme est blessée plus haut sur le chemin » puis s’enchaîne un second message porté par un coureur passant à sa hauteur « il faut intervenir, une concurrente est blessée assise dans l’herbe ».
 
Philippe DUMONT n’a pas le temps de lisser ses belles moustaches qu’il est déjà en route. Il grimpe, vite, le souffle court. L’info se confirme, le message est toujours le même « vite, il faut intervenir ». Dans ces cas-là, le chemin est long, la pente est raide, bien plus qu’elle n’est en réalité. L’ancien rugbyman transpirant dans son blouson découvre enfin Béatrice FANGET assise, accroupie, elle lui confirme « j’ai super mal ». Bref diagnostic « tu peux te lever, tu peux marcher ? ». Philippe DUMONT raconte « j’ai pris ma radio, j’ai passé un appel. Je suis tombé sur un médecin, un jeune, il n’était pas motivé pour monter, je pense qu’il faisait la sieste. Alors je l’ai prise et des coureurs m’ont aidé à la porter en faisant la chaise ».
 
Dans la descente, il croise enfin le médecin « tu peux nous aider à la porter ». Le toubib n’est pas chaud « c’est le boulot des pompiers. Il faut les faire monter ». Philippe DUMONT passe un nouvel appel, les secouristes sont enfin réactifs, il n’écoute que son courage « je l’ai empoignée, elle ne pesait pas lourd et je l’ai prise dans mes bras pour la descendre. Le soir, j’apprenais qu’elle avait une fracture de fatigue. Je m’en suis voulu d’être intervenu comme cela ».
 
Plusieurs semaines passent, Béatrice FANGET est invitée d’honneur à la remise des trophées du TTN à Valence, l’ancien Championnat de France de Trail. Elle accepte cette invitation alors qu’elle est encore en pleine convalescence, 4 heures de soins intensifs quotidiens, longue rééducation pour retrouver stabilité et mobilité après une telle fracture du fémur. Dans l’assistance, Philippe DUMONT est présent en voisin. C’est un bénévole discret mais actif, encore plus investi depuis la retraite à la tête des Les Drayes du Vercors jusqu’en 2023. Il s’est calé dans un fauteuil entouré de copains avec lesquels, il n’hésite pas à donner des coups de mains presque chaque week-end comme bénévole de l‘ombre emmenant dans son sillage Nadine, son épouse.
 
Béatrice FANGET monte les quelques marches, très intimidée lorsqu’elle prend le micro entre ses mains, au centre de la scène, un mélange de joie mesurée et de tristesse perceptible dans son regard. Elle balaie du regard le public et fixe durablement la silhouette de son sauveur d’un jour « je voudrais remercier Philippe DUMONT, il est là dans la salle, ce fut mon sauveur ». Philippe DUMONT lève la main. Applaudissements.
 
Depuis, Béatrice FANGET a quitté la grande scène du trail. Le rideau s’est refermé trop vite, balayant la frêle silhouette de ce petit bout de femme vaillante mais fragile comme du cristal.